Dernière modification le 12 novembre 2024
Vivre pour manger ou manger pour vivre ? La pandémie mondiale a subitement modifié nos modes de vie, nos comportements et nous a plongé dans la réflexion. Nous avons vu émerger sur les réseaux sociaux une prise de conscience autour de nos habitudes de vie. Certaines nous semblent subitement peu vertueuses, notamment sur la sauvegarde de notre santé et de notre planète. Comment lutter contre le stress ? Comment maintenir son niveau de forme ? Comment bouger ? Comment manger ?
Comment manger sans vivre pour manger ?
Ce n’est pas une question nouvelle. Vers 400 avant J.-C., Hippocrate publie les textes « Du régime », « Des aliments » et « Du régime dans les maladies aiguës ». Ces ouvrages expliquent que l’alimentation est le moyen le plus sûr de traiter la maladie, et ce dès l’apparition des premiers symptômes. Il prône le fait de cuire les aliments et, en inventant ainsi la cuisine, il invente la médecine. La cuisine renforce les fondations de la nature humaine qui se distingue, en cuisant ses aliments, des animaux. Les savoirs et les techniques culinaires inspirent également la préparation des remèdes.
Comment manger aujourd’hui ?
La réponse à cette question est fondamentale et pourtant nous allons voir à quel point elle ne nous appartient pas. Manger est devenu un acte de plaisir et de consolation. Nous produisons un nouveau type d’alimentation et obéissons à de nouveaux comportements modélisés à grand renfort de publicité. Ajoutons que la mondialisation des échanges nous a fait perdre jusqu’à la relation à la nature. Et oui, je peux manger des fraises en hiver, n’est-ce-pas ? N’oublions pas que nos comportements alimentaires sont construits dès la naissance et sont donc fortement liés à notre développement psycho-affectif. Ils reposent sur des habitudes familiales, sociales et culturelles prégnantes. Ils font partie intégrante de notre identité, participent de notre lien social.
L’alimentation est située au cœur d’enjeux forts, tout à la fois environnementaux, sociaux et économiques. Les enseignes alimentaires dépensent chaque année plus d’un milliard d’euros. Ils envahissent tous les espaces possibles pour leurs produits, séduisant tous publics et créent ainsi de nouveaux besoins … bien peu de place à la réflexion individuelle consciente.
Prendre conscience
Remettre l’alimentation au cœur de la santé de l’individu suppose de faire trois prises de conscience majeures. Premièrement, nous l’avons vu, nous sommes le jouet de nos croyances en matière d’alimentation. Chacun exprime le bien fondé de ses choix en toute bonne foi. Cependant, selon l’OMS, le nombre d’adultes en surpoids ou obèses est de 1,9 milliard, alors que 462 millions d’adultes souffrent d’insuffisance pondérale. L’ensemble des dispositifs mis en place véhiculent à eux seuls l’idée que c’est extrêmement compliqué de faire évoluer les comportements.
Manger en conscience
Deuxièmement, l’individu est aujourd’hui confronté en permanence à un flux d’informations autour de la gestion de l’alimentation qui véhicule des idées contradictoires et anxiogènes. D’un côté, nous sommes entretenus dans l’idée que les produits offerts sont « bons pour notre santé » (Nutri Score). De l’autre, de nombreuses études nous mettent en garde sur les dangers des sucres cachés, des pesticides et autres contaminants. Surfant sur la vague, de nombreux « google teachers » envahissent les média sociaux et multiplient ainsi toutes sortes de recommandations. Créant un climat d’incertitudes, d’anxiété et de stress propice à l’inhibition de toute action : « ce n’est pas le bon moment pour moi ! ».
Enfin, la proposition alimentaire d’aujourd’hui affiche un déséquilibre macro et micro nutritionnel et trop de calories vides. Les exhausteurs de goûts et sucres industriels transforment nos excès occasionnels en mauvaises habitudes. On mange trop. Les conservateurs et autres contaminants, dont notre corps ne sait pas quoi faire, se transforment en acide qui augmente les troubles inflammatoires.
L’ individu qui n’est pas correctement nourri est un individu dont une partie des fonctions cognitives fonctionnent mal – capacité de concentration, mémorisation, capacité à se canaliser, résistance au stress…Le tout conduisant à une difficulté d’être globale affectant toutes les dimensions de la vie sociale, professionnelle et affective.
Déculpabiliser
Aider tout un chacun à récupérer l’exercice de son libre arbitre sur son alimentation passe par l’accélération de ces prises de conscience et la déculpabilisation : si je n’arrive pas à reprendre mon alimentation en main, c’est que je n’utilise pas les bons outils.
Il est urgent de remettre l’individu au coeur d’une action visant à rééduquer son rapport à l’alimentation, au mouvement et à l’être et de bannir le principe de l’hypocalorique qui fait immanquablement tomber dans le cercle vicieux frustration-culpabilité-baisse de l’estime de soi. Nous allons au contraire utiliser le rééquilibrage alimentaire pour stimuler le duo gagnant résultats-confiance et libérer petit à petit, une nouvelle énergie positive à réinvestir sur l’être et le mouvement dans une nouvelle forme d’accompagnement, accessible à tous.
Et ainsi contribuer à restaurer un principe fondamental : « il ne faut pas vivre pour manger, mais il faut manger pour vivre ! » avec plaisir et en bonne santé, durablement.
sources
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/malnutrition